On ne devient pas pilote privé du jour au lendemain, c’est le fruit d’un parcours plus ou moins long, semé de moments de moment de plaisir et de joie, mais aussi de quelques embûches.
Cet article n’a pas pour but de vous parler de manière très neutre de comment devenir pilote privé. Pour cela il y a cet article. Il a pour but de parler sur un ton un peu plus personnel de mon ressenti, de ce qui a pu accélérer ou freiner ma progression pendant mes deux ans et demie de formation.
Allez, on embarque ?
Tout est parti, petit, de mon grand-père. Lui qui a été mécanicien dans l’aéronavale me racontait souvent les départs en vol des avions, leurs retours, la puissance des machines sur lesquelles il travaillait. Naturellement, j’avais également tendance – un peu – beaucoup – à regarder vers le ciel dès lors que passait un avion. Plus tard, mon grand-père a obtenu la permission pour lui et moi de visiter la base aérienne de Cambrai, pas loin de chez moi : visite des hangars et de la tour de contrôle, approche de près des Mirage 2000, le bonheur.
Je devenais passionné d’aviation, c’est sûr, mais comme je suis trop grand et infichu de faire un lit au carré, l’armée était à oublier (je rigole, on peut être grand et piloter des avions cargos pour l’armée). Surtout, je voulais que ma passion reste passion, ne devienne pas mon quotidien.
C’était donc décidé, je serai pilote du dimanche : pilote privé.
Une chose était quand même à vérifier au final : est-ce que j’aime piloter ? C’est une chose d’aimer regarder les avions, c’en est une autre d’être à l’aise aux commandes et – presque – surtout de ne pas avoir le mal de l’air dans ces petits coucous. Dès lors, direction l’aéroclub le plus proche de chez moi, le Club Aérien Lille Métropole, pour un vol d’initiation.
Au programme du jour : briefing, visite pré-vol de l’avion, vol, prise des commandes, débriefing. Malgré le vent, assez fort ce jour-là (du moins j’en avais l’impression à l’époque), tout se passe bien, j’entre dans une nouvelle dimension.
Allez, plus qu’à s’inscrire et à devenir élève pilote privé !
S’il y a bien quelque chose dont j’avais entendu parlé et que j’ai pu constaté, c’est qu’en la matière, rien n’est tracé d’avance et rien n’est linéaire. Les différents aléas peuvent être résumés en trois idées : disponibilité, météo et aléas de la vie. J’en parle dans mon article plus technique sur comment devenir pilote privé.
En ce qui concerne ma disponibilité, j’ai eu la chance de faire cela pendant mes études. Bon, certes, les études passent devant. Mais l’avantage c’est que les études permettent souvent d’avoir des plages horaires libres pendant lesquelles intercaler un vol. Cela m’a permis de ne pas voler uniquement pendant le week-end, où les avions et les instructeurs sont par définition beaucoup plus sollicités.
Mais qui dit études dit aussi périodes d’examens, de révisions, etc. Autant de moments où il n’est pas possible de voler.
Et puis il y a les aléas de la vie. Une opération bénigne en ce qui me concerne (les dents de sagesse) mais qui m’a cloué au sol pendants plusieurs semaines.
Venons à la météo, vaste sujet. Temps orageux ? Pluie forte ? Vent fort ? Brouillard ? Vol annulé ! Au fait ? Je vous ai dit que j’habitais le Nord de la France ? Je vous laisse faire le lien avec la météo
Saupoudrez tout cela de la disponibilité des avions et des instructeurs, cela donne l’impossibilité de se fixer un planning précis de vols sur le long terme.
Bref, j’envisageais de passer mon brevet en deux petites années, il en fallu trois !
Nombreuses sont les phases de démotivation, même pour le plus passionné, même pour le plus motivé. Plusieurs fois j’ai eu l’impression de plafonner, plusieurs fois j’ai eu l’impression que piloter un avion c’était trop compliqué. Mais il ne faut pas lâcher, ces phases sont normales et celui qui vous dira qu’il n’a jamais douté… sera un menteur !
À force de ne pas lâcher, les grandes étapes d’une vie d’apprenti pilote ont fini par arriver.
Certains diront que c’est le vol le plus mémorable de sa vie. Je ne sais pas si c’est le cas, mais c’en est un dont se rappelle à vie !
Voilà 45 minutes que je me faisais sérieusement remonté les bretelles (pour ne pas dire autre chose) par mon instructeur. Le genre de vol qu’on pense à oublier. Nous voilà posés. Je savais le lâché proche mais après de telles remarques, je pensais que ça n’était pas pour aujourd’hui. Et là, le fameux (je me rappellerai à jamais de la phrase) : « bon, je descends de l’avion, tu repars pour 2 tours de piste sur la 26. Fais ce que tu sais faire, ni plus ni moins que ce que tu as appris et mis en pratique. Concentre toi, mais amuse toi aussi ».
Me voilà aligné sur la piste 26, plein d’adrénaline, plein gaz, pas de pression, c’est parti !
Et puis il y a ce moment ,dont je me rappellerai à jamais, où, après avoir fait demi-tour, j’ai vu la piste au bout de mon aile. Je me rappellerai à jamais m’être dit « oh m****, maintenant il faut le ramener le bazard ». J’ai ramené le bazard et après avoir atterri, ai passé 2h au téléphone, fier comme un coq, pour annoncer la bonne nouvelle à tout le monde.
Le roi du selfie à l’époque !
Autre étape incontournable de la licence de pilote privé : la grande navigation. Un vol avec 2 escales d’au moins 150 nautiques (280 kilomètres environ). Pour moi c’était un vol de Lille Lesquin vers Calais, puis de Calais vers Abbeville et enfin le retour d’Abbeville sur Lille Lesquin.
Partir seul au loins pour la première fois est source d’un peu d’appréhension pour deux raisons. La première c’est qu’on est au courant à l’avance du vol contrairement au lâché solo, on a donc le temps de cogiter. La seconde c’est qu’on part seul en pleine nature et qu’au-delà de « juste » piloter l’avion, il s’agit de ne pas se perdre et de gérer seul des paramètres qu’on ne prend pas en compte sur un lâché solo (gestion du plan de vol, du carburant, des fréquences radio, de la météo le cas échéant). Dans mon cas j’étais un peu inquiet de la persistance de brumes matinales et j’ai repoussé un peu le départ (c’était purement psychologique, il n’y avait pas plus de persistances de brumes sur les cartes de météo que dans le ciel !).
Au final tout s’est bien passé, mon plus gros stress une fois parti a été de… trouver quelqu’un à Abbeville pour me mettre un coup de tampon sur mon carnet de vol. L’aéroport étant désert, j’ai finalement eu le droit à un coup de tampon du restaurant sur mon carnet de vol !
Vous me croyez si je vous dis que c’est l’examen qui m’a fait le plus stresser dans toute ma vie ? Et pourtant j’en ai passé des examens importants qu’il aurait bien plus fâcheux de rater.
Il faut dire que le fait de passer presque 3h dans un cockpit (sans parler de la partie au sol) avec un examinateur que je ne connaissais pas n’était pas là pour me rassurer. Surtout quand on sait que l’examinateur n’est pas là pour vérifier que l’on sait piloter (sinon on ne serait pas là) mais pour vérifier que l’on sait réagir à des situations anormales et / ou d’urgence.
Gestion de pannes (beaucoup de pannes), déroutement, scénarios surprises. Tout y passe. Dans mon cas, en plus des surprises réservées par mon examinateur, deux surprises bien réelles me sont arrivées. La gestion d’un passage d’avions de chasse très près de moi et la gestion d’une voiture sur la piste m’ayant imposé une remise de gaz sur instruction du contrôle aérien. Deux situations assez simples à gérer normalement, mais deux situations qui sont venues se rajouter à tout le reste. Les avions de chasse m’ont par exemple imposé un changement de trajectoire alors que j’étais en pleine simulation de déroutement… un micro-déroutement dans le déroutement !
Finalement, nous n’avions pas libéré la piste d’atterrissage que l’examinateur me félicitait déjà. Au moins le résultat ne tarde pas à arriver comme au permis de conduire !
Photo d’illustration, vous vous doutez bien que ça n’était pas le moment de sortir l’appareil photo 😂
Pourquoi passer plusieurs années à passer sa licence ? Pour emmener des amis, voir du pays, voir des couchers de soleil, voir les nuages de plus près !
Pas besoin d’en dire plus, c’est magique 😍
Les opportunités de s’améliorer et de découvrir de nouveaux horizons sont nombreuses. Vous voyez ce cockpit avec deux « écrans de télé » à la place des instruments traditionnels ? C’est une qualification supplémentaire à passer par exemple (et c’est agréable ces deux écrans de télé !). Vol de nuit, train rentrant, les opportunités sont nombreuses !
Alors ? Convaincu ? N’hésite pas à te renseigner sur les différents autres articles de mon blog relatifs à la licence de pilote privé, pousse la porte d’un aéroclub, et c’est parti !
Salut, moi c’est Victor !
Quand j’étais petit, mon papi me parlait d’aviation, beaucoup.
Alors évidemment je suis tombé dedans et maintenant je suis pilote privé.
Mais en plus de piloter, j’ai sérieusement la bougeotte. En fait c’est simple, je suis incapable de rester chez moi !
Au début j’ai eu envie de partager tout ça sur Instagram et ça m’a plu.
Alors j’ai été plus loin en créant ce blog pour partager mes itinéraires et mon parcours de pilote.
Fait avec ♡ quelque part au sol ou dans les airs.
Embarquement Immédiat – Blog Voyage et Pilotage d’avion
Tous droits réservés – Toute réutilisation des données sans accord préalable est strictement interdite